Les galettes de Murata

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Pas question d’entrer dans les salles de production sans l’équipement nécessaire. Masque, gants, combinaison, sur-chaussures… Après le passage par différents sas, revêtu de blanc, le visiteur dûment badgé peut enfin accéder au cœur de l’entreprise. Là où les composants passifs sont fabriqués sous la forme de galettes, identiques à de grands CD. Bienvenue à Caen chez Murata Integrated Passive Solutions, la filiale française du Japonais Murata, leader mondial dans la production de composants passifs, fort de 80 000 salariés à travers la planète.
Pour mieux comprendre, on a tendance à dire que ces composants ne servent à rien mais sans eux, rien ne pourrait fonctionner. « Si nous produisons ici des composants simples dont la fonction est assez basique, il n’en reste pas moins que les technologies utilisées sont très en pointe et que les enjeux sont considérables », précise Franck Murray, directeur exécutif de Murata Integrated Passive Solutions.

En fait, ils sont indispensables aux composants actifs et si autant de règles sont à respecter pour leur conception, c’est que ces condensateurs sur silicium, dont l’entreprise caennaise a fait sa spécialité, sont utilisés dans des applications exigeantes telles que les smartphones, l’aérospatial, les infrastructures de télécommunication ou la santé.
C’est dans ce dernier domaine, et plus particulièrement le médical implantable, que l’entreprise, anciennement IPDiA, une startup caennaise créée en 2009 par Franck Murray que Murata a racheté en 2016, s’est faite connaître. Plus d’un pacemaker sur deux dans le monde est ainsi équipé d’au moins un composant conçu et produit à Caen.
C’est en utilisant le cristal de silicium, une matière issue du sable, pour ses nombreuses vertus permettant, notamment, aux composants des capacités plus grandes, des performances et une stabilité recherchées dans des marchés et des applications très exigeants, que le seul site français de Murata a gagné ses galons. Ses galettes de silicium séduisent les entreprises dans la téléphonie mobile et, demain, dans l’automobile.

« Nos solutions ont permis à des sociétés leaders sur ces marchés de réduire drastiquement la taille de leurs produits, tout en améliorant leurs performances. Notre nouvelle technologie Silicon Capacitors s’est considérablement développée en dehors des marchés de niche. La téléphonie mobile, tout comme les nouvelles architectures de voitures électriques nécessitent des performances en hautes fréquences et en températures toujours plus élevées. Ces nouvelles applications sont également très exigeantes en terme d’espace et de volume occupés », poursuit Franck Murray. Grâce aux avancées, des tailles encore plus réduites et des épaisseurs toujours plus fines peuvent être obtenues.

• Dans les salles, techniciens et ingénieurs s’affairent et manipulent avec d’infinies précautions ces galettes, examinées et testées sans cesse. Le zéro défaut est bien évidemment de mise. « On adapte la recette de la machine pour qu’elle corresponde au spectre du client », souligne, sous son masque, Louis Cazin, jeune embauché, les yeux fixés sur son écran de contrôle. Une galette par lot de 25 est à chaque fois retirée pour analyse.

Avec ses nouvelles perspectives de croissance, le site normand de 200 salariés voit justement l’avenir en rose. En mars 2023, le groupe a annoncé un investissement de plus de 60 millions d’euros. Dans le bâtiment qui accueillera la nouvelle ligne de production, les nouveaux équipements seront installés dans les semaines et les mois à venir.
Pour répondre à la demande, un programme de recrutement a déjà commencé. Il prévoit l’arrivée de plus de 100 nouveaux salariés entre 2023 et 2025 dans une usine qui assure une production 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. « La majorité seront des emplois industriels, de l’ingénieur au technicien, opérateurs et conducteurs de lignes, assure le directeur du site. Nous menons également une politique de formation continue et diplômante qui donne des perspectives en interne à nos salariés. »