Publié le 29 décembre 2025
[Dans cet entretien issu du magazine Osez Caen Normandie, partez à la rencontre de Sylvie Chopin et découvrez le Groupe Gilbert autrement].
« Juste après m’avoir recrutée, Laurent BATTEUR m’a donné un énorme classeur de formules de la marque Algotherm qu’il venait de racheter. J’avais 23 ans et il a fallu que je mette à niveau tous les produits pour qu’ils correspondent aux standards de qualité requis ! », se souvient Sylvie CHOPIN. Un défi de taille qu’elle relève en quelques mois. Et pour cause : Algotherm est une société de cosmétique à base d’algues installée près de chez elle, dans son Finistère natal, et cette matière première constitue sa spécialité.
« Ma famille a un lien intime avec la mer. Une grande partie de ma famille paternelle navigue. Mes deux oncles étaient commandants dans la marine marchande », raconte-t-elle. « Quand j’étais petite, la mer et la plage étaient une source de distraction et de rituels pour le week-end. À l’adolescence, quand c’était la saison, j’allais chercher des algues en bateau pour les vendre aux transformateurs avec mes cousins. Un peu comme pour les vendanges. »
Des algues utilisées dans le jardin et en cuisine qui ont indubitablement marqué la jeune Bretonne. Au fil du temps, son appétence pour la biologie et les sciences s’affirme et ne cesse de grandir.
Le bac en poche, Sylvie CHOPIN découvre, sur les bancs de la faculté de Brest, la biologie et l’extraction végétale. Une discipline qui la passionne et qui la conduit à se spécialiser en algologie pendant sa licence. Un an plus tard, son stage de fin de maîtrise l’amène à travailler sur la labellisation Bio (AB) d’algues alimentaires destinées à la restauration, dans une entreprise de Roscoff.
« J’ai mis trois mois à décrocher le label ». Passionnée et enthousiaste, elle choisit de prolonger ses études jusqu’au DESS en faculté de pharmacie. « Je voulais faire des recherches sur la cosmétique et les algues… J’ai finalement hérité de l’étude de la crépidule comme sujet de recherche. Un mollusque pas très joli, ennemi des huîtres et des moules, dans un contexte de valorisation des ressources marines ».
Un coup du sort de courte durée. Dès son entrée dans la vie active, les planètes s’alignent et la ramènent à sa passion pour l’algue.
« J’ai décroché un premier emploi près de Fougères pour développer une gamme de produits cosmétiques. C’est là-bas que j’ai fait mes débuts de formulatrice », explique la Bretonne.
Elle devient alors une sorte de druide scientifique : charge à elle de trouver les formules magiques des produits cosmétiques.
Pendant ce temps, à Caen, le Laboratoire GILBERT est en pleine expansion. Son histoire remonte à 1904, lorsque le pharmacien parisien Alexandre GILBERT développe l’emplâtre Feuille de Saule pour traiter les cors au pied. Un succès commercial qui fait sa prospérité, jusqu’à sa rencontre avec Jacques Batteur dans les années 1950. C’est ce dernier qui, après avoir racheté le laboratoire en 1962, décide de l’implanter en Normandie, sa région de coeur, et choisit le site d’Hérouville Saint-Clair. En 1974, son fils Laurent BATTEUR lance une stratégie ambitieuse de développement via des créations et rachats de marques. C’est dans ce contexte que s’inscrit l’acquisition, en 1996, du laboratoire Algotherm et de son site de production à Landerneau.
En 1997, la vie professionnelle de Sylvie CHOPIN bascule. « Je repère une annonce chez Océan Terre Biotechnologie Marine (OTB). Cette société était basée près de chez moi, j’y avais déposé des CV pendant mes études… » . Cette fois-ci, elle décroche le poste… mais à Hérouville Saint-Clair. « Laurent BATTEUR venait de racheter la société avec Algotherm. Mon seul impératif, c’était de vivre près de la mer, dans le grand ouest. J’ai donc fait mes valises et me suis installée ».
« J’ai eu la chance d’arriver dans un groupe en plein développement, dans lequel la direction générale fait confiance à ses équipes. C’est inestimable pour avancer ».
C’est pourquoi, depuis près de 30 ans, l’histoire entre Sylvie CHOPIN et les Laboratoires GILBERT se poursuit. Entretemps, le groupe est passé de 350 à 1 000 salariés. En 15 ans, il a déposé près d’une dizaine de brevets, dont un qui permet de protéger la peau des dommages du soleil en associant une algue avec une huile végétale — une composition qui a démontré son absence d’impact sur l’environnement marin.
À titre personnel, Sylvie CHOPIN ne manque pas non plus de défis. Membre de la société française de cosmétologie, vice-présidente de Cosmetic Valley pour la région Normandie, elle s’est également engagée au sein de la Normandie Filière Algues, une association nouvellement créée qui vise à faire de cette biomasse cultivée ou récoltée une source de développement économique et de recherche. « Les Bretons l’ont fait. Pourquoi pas nous ? »
Cet article est extrait du Magazine Osez Caen Normandie : Terre d’Audace.
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