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Analyses à haut débit au CHU Caen Normandie

Publié le 18 décembre 2023

[Dans les coulisses d’EPOPEA – épisode #8]

Mise en service en 1975, la tour du CHU Caen Normandie domine le Science Park EPOPEA du haut de ses 87 m. Plus pour très longtemps sans doute, car l’édifice sera remplacé d’ici 2026 par un nouvel établissement totalement repensé.
Le premier bâtiment a été livré début 2023 aux services de Biologie, qui a profité de ce déménagement pour réorganiser son activité au sein de plateformes. Un véritable big-bang !

15 000 m² occupés aux deux tiers par les services de Biologie, le reste étant affecté à la recherche, le Centre de Ressources Biologiques et le service Direction de la Recherche Clinique et de l’Innovation. Avec ses façades gris argent et des lignes épurées, le premier bâtiment du nouveau CHU ouvre une nouvelle ère. Il préfigure l’hôpital de demain qui sera construit en perspective plus horizontale, donc à taille humaine et pour une meilleure prise en charge des patients.

PURR : le cœur du système

Jusqu’au printemps 2023, les services de Biologie comptait plusieurs sites, répartis entre le CHU et le CHR. La construction d’un bâtiment unique a permis de revoir toute la logistique autour des 5 000 échantillons analysés quotidiennement.
Simon Le Hello, directeur du laboratoire de Biologie, retrace le chemin parcouru. « Nous avons conceptualisé un système de plateforme PURR* qui répond à 80 % des analyses de biologie d’urgence et de routine. Sur ce noyau central s’agrègent d’autres plateformes plus expertes, qui font appel à des technologies avancées et du personnel dédié. Nous avons 11 services pour les avis médicaux et nous les avons concentrés nos expertises techniques en 5 plateformes. » L’ensemble porte les innovations actuelles et futures.

Un robot dans l’ascenseur

Pour accélérer la délivrance des résultats, les tubes de sang prélevés dans les étages de la tour sont acheminés vers le bâtiment Biologie, distant de 800 m, par un transport pneumatique ultra rapide. Réceptionnés dans un îlot central, les prélèvements alimentent une chaîne biologique constituée d’automates de biochimie, de sérologie infectieuse, d’hématologie, d’hémostase…, tous interconnectés. Un poste de pilote de chaîne a été créé pour coordonner les équipements et s’assurer de la continuité des analyses, même lorsqu’un automate tombe en panne. Pour optimiser cette organisation, un robot achemine les prélèvements secondaires, déjà identifiés, décantés et préanalysés sur la chaine biologiques vers les plateformes spécialisées.

  • En bout de chaîne, un robot capable de prendre l’ascenseur tout seul achemine les échantillons vers les plateformes expertes.

Avant/après

Avec toutes ces améliorations combinées, le délai entre le prélèvement et la libération du résultat s’est considérablement réduit. « Selon notre catalogue de pratiques, nous devons répondre en moins de 24 h pour un bilan sans urgence. En 2 h s’il y a urgence. En réalité, nous rendons aujourd’hui une analyse d’hémoglobine en 32 mn pour la routine, et en 28 mn pour l’urgence. La distinction entre les deux filières tend à s’effacer. »

Le premier bénéficiaire de ce bond technologique, c’est évidemment le patient qui bénéficie d’un diagnostic, d’une prise en charge et d’une sortie plus rapide, notamment aux urgences, mais aussi dans les services.

Une bascule sans accroc

  • 5 000 analyses sont pratiquées chaque jour. Pour tenir la cadence, la chaîne distribue les échantillons vers des automates interconnectés.

Pour anticiper la transition vers cette nouvelle configuration, des centaines d’heures de concertation et de planification ont été nécessaires. « Il a fallu accompagner les techniciens dans le changement, souligne Simon Le Hello. Derrière la chaîne, il y a plusieurs disciplines différentes qui se sont mises à travailler pour une plateforme désormais commune. Des renforts sont venus nous aider pendant 6 mois pour libérer les techniciens qui devaient se former sur les nouvelles machines. »
Finalement, la bascule s’est faite le 10 mai 2023, sans externaliser la très grande majorité des analyses. « À 10 h 30, on ouvrait les pneumatiques et on stoppait les automates de la tour. Les techniciens se sont déplacés dans le nouveau bâtiment, et à 11 h, le service redémarrait. À 20 h, il n’y avait pas un examen rendu en retard. »

  • Les tubes pneumatiques transportent la quasi-totalité des prélèvements à une vitesse de 7 m/s, sauf ceux qui doivent être conservés dans la glace.

Des drones pour aller encore plus vite

Dans l’esprit de ce « big bang », l’opportunité de ce nouveau bâtiment de Biologie s’intéresse également au transport d’échantillons, non pas par la route, mais par les airs. Plus sûr et plus rapide, les tests ont vérifié que le transfert par drone n’altérait pas la qualité des prélèvements de sang. Pour des analyses qui nécessitent une expertise poussée, l’hôpital de Falaise et le CHU Caen Normandie pourraient intensifier leur collaboration grâce au drone. Cette expérience n’est pas restée sans écho. D’autres établissements de santé pourraient eux aussi expédier des échantillons en survolant sans embouteillages des voies naturelles et sécurisées.

Vers un maillage du territoire

Avec sa capacité d’analyses à haut débit, le CHU veut aujourd’hui répondre aux besoins du territoire en multipliant les coopérations avec les hôpitaux publics. C’est déjà le cas avec l’établissement de Cherbourg qui s’est équipé d’un scanner de lames de microscope. Les opérateurs adressent leurs images au CHU pour être analysées par un médecin « anatomo-pathologiste » à Caen. Ces coopérations s’inscrivent dans la création de l’Institut territorial de Biologie créé en juin 2023 autour de plus d’une dizaine d’établissements publics de Normandie occidentale dans un but d’attractivité de la biologie au sein de notre territoire.

  • * Plateforme d’urgence et de réponse rapide.
La carte d'identité

En une année, le CHU de Caen Normandie accueille plus de 572 000 patients aux urgences, en consultation ou lors d’un séjour.
Il dispose de 1742 lit.
Le nouveau CHU s’étendra sur 111 000 m². Sa construction prendra 6 ans (jusqu’en 2026) pour un coût global de 560 M€.

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